Thibault Baheux
4 mai 2022  - minutes de lecture

Cet article a été rédigé par l’équipe du site https://davidlaroche.fr

« Il n’y a de richesse, ni force que d’hommes ». Toute entreprise devrait être en phase avec cette citation de Jean Bodin dans Six livres de la république. 


Pourtant, lorsque la plupart des employées se penchent sur leurs expériences professionnelles, ils constatent qu’ils n’ont pas forcément reçu l’attention et/ou la reconnaissance proportionnelle à cette importance tant plébiscitée. Voici quelques chiffres clés :


  • En 2020, seulement 16% des professions intermédiaires étaient satisfaites par leur situation professionnelle actuelle (1).
  • 42 % des salariés ont le sentiment de ne pas être reconnus par leur hiérarchie (2).
  • Seuls 81% des managers (des pays occidentaux) pensent que leur travail est devenu plus complexe comparativement aux années précédentes et 63% ne souhaitent plus effectuer cette fonction (3).
  • 58% des actifs français affirment que le bien-être au travail est leur première source de motivation (4).
  • 79% des salariés n’ont aucune envie de devenir manager (5).

Ces résultats amènent à se poser des questions sur la place que tient le manager au sein d’une entreprise.

Comme l’explique cette vidéo, le manager est parfois presque impuissant. En effet, si un salarié accepte un travail qui ne l’anime pas et va à l’encontre de ses valeurs, dans ce cas développer sa motivation, sa créativité, ses performances, etc, est une tâche presque démotivante pour le manager.


Dans ce contexte, les managers tendent à se poser en victime auprès de leur hiérarchie, leurs familles, leurs amis. Un réflexe normal qui permet d’attirer l’attention de ses personnes sur leurs problèmes afin de requérir de façon indirecte leur aide. Ainsi, le manager se sent réconforté et a l'illusion de se sentir exister.

Mais, est-ce que ce comportement est constructif ?

Rappel des notions de bases

1 ) Qu’est-ce qu’un manager ?

Son premier emploi dans la langue de Molière l’associe étroitement à la fonction d’agent artistique ou d’entraîneur. Avec le temps, le manager faisait référence au grand patron. De nos jours, il désigne une personne, dont le rôle est d’organiser le travail et de coordonner les actions de son équipe. Le tout pour atteindre les objectifs de production qui lui sont fixés. Notons donc, que le manager est une personne clé de l’entreprise.

“Le manager est un professionnel de la performance des autres”

- Philippe Gabilliet -

2 ) Qu’est-ce qu’un leader ?

Tantôt, c’est le chef de bande qui prend la plupart des initiatives, tantôt c’est le chef qui insuffle sa vision et inspire son entourage à aller de l’avant. 

Si le manager est choisi par la direction, le leader lui, est reconnu intrinsèquement par ses collègues. En outre, les collaborateurs préfèreront se rapprocher d’un leader en cas de difficulté plutôt que d’un supérieur hiérarchique. Sauf si ce dernier a adopté un style de management le rendant à la fois leader et manager.

“L'existence d'un leader se constate plus souvent qu'elle ne se proclame.”

- Lionel Jospin -

3 ) Qu’est-ce qu’une plainte ?

Se plaindre est parfois associé à des causes nobles comme la lutte syndicale. Pourtant, les deux mots renvoient vers deux états d’esprit opposé. 

En effet, lutter pour ses droits est un combat actif qui nécessite une stratégie et une vision... Inversement, se renfermer dans une plainte similaire à un appel à l’aide indirecte ressemble plus a une action passive qu'à une lutte pour avancer.

Une plainte est définie comme étant un acte par lequel une victime d’une infraction prévient l’autorité compétente. Se plaindre revient donc à rapporter une violation ou un manquement à la hiérarchie afin que cette dernière prenne les mesures nécessaires. 

Cette définition ne correspond donc pas aux luttes pour protéger ou gagner des droits qui sont des combats et non des plaintes.

4 ) Le manager aurait-il des raisons de se plaindre ?

  • Oui, la reconnaissance des efforts fournis n’est pas toujours au rendez-vous.
  • Oui, les personnes exerçant une profession intermédiaire croulent souvent sous le travail. 
  • Oui, elles sont garantes du bien-être de l’équipe, souvent avant même le leur. 
  • Oui, généralement les managers doivent arriver au bureau avant les autres collaborateurs et partir après tout le monde.

Toutes ces raisons justifient-elles de se plaindre ?

Les Français seraient-ils les champions du monde des râleurs (6) ? En tout cas, c’est l’une des premières choses que les touristes remarquent chez nous.

Se plaindre, c’est dépendre des autres

Se plaindre permet à l'individu de se positionner dans le rôle de la victime frappée par une injustice. Une situation confortable qui appelle l’autre en soutien. 

La victime peaufine inconsciemment son rôle dans sa zone de confort. Elle attend que quelqu’un ou quelque chose la tire d'affaires. Dans ces moments, les sauveurs viennent apporter leur réconfort et la solution au problème. Ainsi la victime se réjouit d’avoir été entendue, soutenue. Toutefois, cet environnement peut devenir toxique, dans le sens où la victime est incitée à rester dans cette situation de détresse. 

Quant aux sauveurs qui l’aident directement, indirectement ils la rendent dépendante de leur intervention. De plus, de nombreux sauveurs se complaisent parfois dans leur rôle de super héros, créant ainsi une spirale négative qui ne participe pas à l'épanouissement de la victime.

Si à chaque fois, quelqu’un fait tout le nécessaire pour nous, nous ne chercherons plus à avancer par nous-mêmes.

Au contraire, la moindre difficulté qui se présente donne encore plus de raisons de se plaindre.

Au travail, outre de polluer l’atmosphère générale, se plaindre constamment, véhicule l’image d’un enfant qui râle auprès de ses parents.

“Que de gens, pour se plaindre, n’attendent que la complaisance d’un écho !”

- Anne Barratin -

Chiche, on agit en leader !

leadership

Se comporter en leader nécessite du courage, car c’est une situation inconfortable qui exige des efforts. Non seulement, nous allons nous confronter aux problèmes, mais en plus nous serons souvent seuls, face à nous-mêmes. J’aimerais vous dire qu’il y a un raccourci, une solution miracle qui marche à tous les coups… Malheureusement, le courage est la seule voie permettant de faire évoluer votre situation.

1 ) Le leader est responsable

Parce que notre bonheur ne dépend que de nous-mêmes, il nous appartient de le créer. La première chose à faire est donc d’arrêter de se plaindre en assumant la responsabilité de nos actes et de nos pensées. Bien évidemment, être responsable et assumer ne revient pas à culpabiliser. Cela signifie reconnaître les pensées négatives et ne pas s’y cantonner. Arrêtons donc de nous comporter en victime et essayons plutôt de résoudre ces soucis et ces complications quotidiennes. En bon leader, nous transformons une difficulté en une opportunité pour nous et pour l’entreprise.

“La mesure ultime d’un homme n’est pas où il se situe dans les moments de confort mais où il se situe dans les moments de challenge et de controverse.”

- Martin Luther King, Jr -

2 ) Le leader est acteur de sa vie

De fil en aiguille, nous cessons de subir notre vie et d’en être spectateur. En se comportant en leader, nous sommes amenés à réfléchir sur comment changer notre vie et comment améliorer les choses. Ce pouvoir que nous avons sur nous-mêmes permet d’acquérir une autonomie. Il permet également d’éviter de naviguer là où le vent veut bien nous pousser. Ceci est valable autant dans notre vie personnelle et que dans notre vie professionnelle.

À ce stade, nous nous éloignerons lentement de ces sauveurs, de leur attention voire de leur soutien. En revanche, nous serons à même d’attirer des personnes qui nous ressemblent c’est-à-dire des personnes qui souhaitent aller de l’avant.

“Nous sommes ce que nous pensons, avec nos pensées, nous bâtissons notre monde.”

- Boudha -

3 ) Le leader est bien entouré

Nous connaissons tous ce proverbe « dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es ». Parce que nous choisissons nos amis, nous nous identifions à eux, au groupe ou à la communauté à laquelle nous appartenons. Il va de soi que notre entourage a un impact non négligeable sur nous. Si cet entourage nous tire vers le bas, nous le suivrons tout naturellement. Et puisque le contraire est également valable. Le leader va bien s’entourer. Il se rapprochera plus des personnes constructives qui l’aident à avancer et qui sont dans le même état d’esprit que lui.

Rassurez-vous, ce rapprochement se fait presque de manière intuitive. 

4 ) Le leader est conscient de ses limites

En nous donnant les moyens d’atteindre nos objectifs, nous apprenons à créer de l’énergie positive en nous et autour de nous. Soit par l’achat d’expérience ou d’activités enrichissantes, soit par le biais de personnes avisées pour nous coacher. Nous devons toutefois prendre conscience de nos limites.

Nous pouvons changer certaines choses, mais pas toutes. D’un côté, le leader a le devoir d’agir sur ce qui est en son pouvoir. De l’autre côté, il se doit également d’accepter et de laisser certaines choses telles qu’elles. Ainsi, nous nous focaliserons plus sur les bonnes choses et serons en état de trouver la meilleure solution à nos problèmes. Il s’agit ici de reconnaître nos limites et surtout d’élever notre niveau de conscience. C’est uniquement à cette condition que nous pourrons devenir la meilleure version de nous-mêmes.

“Supporte sans te plaindre ce qui ne peut être changé.”

- Publius Syrus -

Être un leader pour être plus heureux.

Un changement profond s’opère lorsque nous décidons d’arrêter de nous plaindre pour nous comporter en leader. Au lieu de voir le verre à moitié vide, nous verrons naturellement le verre à moitié plein. Mieux encore, nous adoptons une posture nous permettant de prendre notre vie en main et d’écrire notre propre histoire.

Certes, le changement ne s’opère pas instantanément. Il est le fruit de labeur et de persévérance. Cela étant, une fois que nous nous trouvons dans cette spirale de réussite, notre vie change. 

En résumé, se plaindre ne peut faire partie du quotidien d’un manager. Ce comportement nous incite à nous placer en victime face aux difficultés. Il nous rend également dépendant des sauveurs. Pire encore, se plaindre est le meilleur moyen de ne pas avancer dans la vie. Endiguer ce mal qui nous ronge de l’intérieur revient à agir en leader. Un leader est responsable, car il est le premier acteur de sa vie. Il s’entoure des personnes qui le tirent vers le haut, tout en gardant à l’esprit qu’il ne peut agir que sur les choses dont il a le pouvoir de changer.

Sources : 

  • (1)    Transformation et disparition des métiers : des actifs lucides mais désarmés – Fondation Jean Jaurès – 2020.
  • (2)    11e édition de son Baromètre Santé et qualité de vie au travail – Malakoff Médéric Humanis – 2019.
  • (3)    The end of management as we know it ? – Boston Consulting Group (BCG) et Ipsos - 2019
  • (4)    Les salariés et les nouveaux enjeux du travail – BVA – 2018.
  • (5)    Que pensent les Français du management de leur entreprise ? – Audencia Business School – 2017
  • (6)    Les français champions du monde des râleurs – France 24 – 2020.

Thibault Baheux

A propos

Tour à tour manager et chef de projet depuis 2008, j'ai managé des équipes jusqu'à 40 collaborateurs, aussi bien en management hiérarchique direct qu'en transversal.

Manager des personnes, c'est la chose la plus compliquée que j'ai eu à faire dans ma carrière. Mais c'est aussi la plus passionnante !

Je partage avec vous sur ce site mes meilleurs conseils, mes retours d'expérience, ma vision du management d'aujourd'hui et de demain.

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