Thibault Baheux
27 avril 2023  - minutes de lecture

« Au secours, l’IA va tous nous remplacer ! Dans 10 ans on pointe tous au chômage ! »

A écouter certaines personnes, nous allons inévitablement dans le mur à cause de la technologie. A cause du progrès.

Car le progrès détruit des emplois. De manière brutale.

Et on se retrouve avec des centaines de milliers de gens sur la paille et devant pointer au chômage. Sans être assuré de pouvoir retrouver un bon job derrière.

La technologie condamne les gens à des emplois précaires. Quand il y a des emplois.

Bon, ça c’est ce que les plus pessimistes d’entre nous pensent. Et ils sont légions.

La preuve : 2/3 des français considèrent que l’Intelligence Artificielle détruira plus d’emplois qu’elle n’en créera.

Mais en vrai, la machine qui remplace l’homme, ça ne fonctionne que dans la science-fiction.

Laissez-moi vous expliquer pourquoi l’arrivée de l’IA dans le monde du travail est une opportunité à saisir, et quels sont mes trois meilleurs conseils pour faire face à cette révolution et garder son job.

Spoiler : Les premiers métiers qui vont disparaître ne sont pas ceux que l’on croit.

La fin du monde est déjà survenue… plusieurs fois

Le progrès et la technologie sont synonymes de changements. Et ce depuis la nuit des temps.

On ne compte plus le nombre de révolutions ou de disruptions qu’il y a eu depuis l’âge de pierre.

Vous ne le savez peut-être pas, mais il existe un cimetière de métiers qui ont eu une utilité mais qui ont aujourd’hui disparu.

Réveilleur, Blanchisseur, Allumeur de réverbères, poinçonneur, etc… Tous ces métiers n’ont pas résisté face à la technologie.

Et à chaque fois ça a été la même rengaine :

  • L’imprimerie, permettant de faire des milliers de copie d’un même livre de manière industrialisée, devait détruire le travail. Ça n’a pas été le cas.
  • Puis la révolution industrielle et la vapeur sont arrivées, et beaucoup de métiers sont devenus obsolètes. Mais beaucoup d’autres ont été créés.
  • S’ensuit l’électricité. Même constat, l’électricité allait remplacer tout le monde. En 2020, on attend toujours.
  • Vient ensuite la démocratisation de l’informatique. Ça n’a toujours pas détruit le travail.
  • Maintenant c’est au tour de l’IA…

La fin du travail a été annoncé de longue date face à chaque avancée technologique majeure. Mais le constat est le même à chaque fois :

Des emplois sont détruits, car obsolètes. Mais d’autres sont créés en parallèle.

Et il n’en sera pas autrement pour l’IA.

C’est à ce moment-là que les détracteurs et les plus angoissés me rétorquent que ce n’est pas parce que ça s’est passé d’une certaine manière par le passé que ça se reproduira de la même manière dans notre futur.

C’est vrai. Mais je pense tout de même que ça se déroulera comme je le décris.

Si vous n’êtes pas d’accord, n’hésitez pas à me dire dans les commentaires comment vous voyez l’arrivée de l’IA dans le monde du travail, et ce que cela va induire comme changement.

Mais alors, d’où vient cette peur d’être remplacé par la machine, bien ancrée dans l’inconscient collectif ?

La peur d’être remplacé

L’avènement des machines

La peur de la fin du travail a très exactement… l’âge du travail.

Et oui, le progrès et la technologie ce n’est pas seulement durant notre époque moderne. On peut remonter jusqu’à l’âge du feu et à l’apparition des premiers outils pour retrouver la trace du progrès.

Aujourd’hui, la différence c’est que tout va plus vite. Tout s’accélère.

Bien évidemment, tout progrès technologique fait disparaître des emplois.

D’ailleurs, la destruction d’emplois par la technologie arrive toujours de façon brutale, ce qui génère du chômage technologique.

Alors que les nouveaux emplois liés à cette technologie mettent du temps à arriver : il faut le temps d’identifier le besoin, de se former, de recruter les bonnes personnes, etc…

Du coup, on retient le côté destruction, perte d’emplois. Et on s’imagine déjà un scénario catastrophe à la Matrix, à la Terminator, ou encore à la Detroit : Become Human (pour les amateurs du 10ème art, le jeu vidéo).

Mais au final, pourquoi est-ce qu’on ne retient que le négatif, que la perte d’un emploi, que le scénario catastrophe ?

Le biais de négativité

C’est ce qu’on appelle le biais de négativité : nous sommes davantage marqués par les expériences négatives que par les positives. On retient plus les informations négatives.

C’est d’ailleurs un biais qui nous a aidé d’un point de vue évolutif. Et qui nous incite à toujours plus de progrès.

En effet, les informations négatives amènent un sentiment désagréable, un malaise constant qui ne va pas s’effacer.

Ce qui nous pousse à être plus prudent dans une situation de survie. A chercher des solutions à nos problèmes. Et à toujours envisager le négatif ou le pire scénario possible face à l’inconnu.

Perdre son travail … Une douleur bien réelle

Perdre son travail est donc bien réel pour certains, et je ne vais pas le nier, c’est tout sauf agréable.

Perdre son job, ça peut être synonyme d’une perte de confiance en soi, d’une profonde remise en question, ou encore de se rendre compte que ses compétences sont obsolètes pour le marché de l’emploi.

Mais cette destruction d’emplois amène inévitablement la création de nouveaux.

Et comme le dit si bien Nicolas Bouzou, « Les besoins de l’humanité sont infinis, donc la création d’emploi est également infinie. »

Alors, comment faire pour éviter de se retrouver sur le carreau et de galérer à Pôle Emploi pour retrouver un nouveau job ?

3 conseils pour rester compétitif face à l’IA

Pour rester compétitif face à l’IA et éviter de se faire remplacer, on voit fleurir tout un tas de conseils sur le net. Plus ou moins sensés.

Et ce qui en ressort, c’est qu’il faudrait hautement se spécialiser dans son métier. Pour devenir irremplaçable.

C’est faux. C’est même le contraire de ce que l’on pense.

Selon moi, pour faire face à l’IA, il faut :

  1. Absolument éviter de se spécialiser.
  2. Développer des compétences soft skills de toute urgence.
  3. Ne jamais arrêter de se former.

1 ) Ne pas se spécialiser

On a tendance à penser que les métiers « en bas de l’échelle » (Dieu que je hais cette manière de présenter les choses) seront les premiers touchés : chauffeurs de taxi, caissières, métiers manuels, etc…

En vérité, les métiers qui seront les plus touchés par l’arrivée de l’IA seront les métiers qualifiés, très spécialisés et largement automatisables : codeur, radiologue, chirurgien spécialiste, comptable, etc…

D’après Laurent Alexandre, les métiers non manuels où il y a beaucoup de dates vont être automatisés très vite.

Les IA sont meilleures que l’homme, mais dans des domaines très spécialisés et restreints. Et à condition d’avoir été entraîné pendant des mois, voire des années par des humains.

Par exemple, une IA sait parfaitement reconnaître une photo de chat après en avoir analysé des centaines de milliers.

Mais il suffit de rajouter un filtre avec des points et elle se plantera lamentablement. Alors que l’œil humain verra toujours un chat.

Également, L’IA est en capacité d’analyser des datas bien plus vite qu’un humain pour en tirer une conclusion statistique.

Mais l’humain reste le mieux placé pour prendre la décision finale. Car il tiendra compte du contexte politique, de l’affect et du relationnel. Des concepts étrangers pour une IA.

Le meilleur conseil que je puisse vous donner pour maintenir votre employabilité face à l’IA, c’est de ne pas vous spécialiser.

Au contraire, développez vos compétences dans différents champs d’activité.

Cherchez à être transversal et multidisciplinaire.

Faites preuve de curiosité.

Intéressez-vous à tout un tas de sujets.

2 ) Développer des soft skills

Il y a quelques domaines où l’homme restera imbattable.

L’IA n’est qu’un gros cerveau incapable de penser autrement que ce pour quoi elle a été conçue.

Et il y a quelques domaines dans lesquels l’humain restera le maître incontesté : les interactions sociales, la communication, les relations humaines, la capacité à prendre une décision dans un environnement imprévisible ou changeant, la vue d’ensemble d’une situation, la transversalité, la gestion des ressources humaines, et bien entendu la créativité.

Prenons comme exemple le métier de chef de projet :

Une IA serait aujourd’hui tout à fait capable de faire une liste de tâches, de comprendre leurs imbrications entre elles, et de sortir en un temps record un planning de travail en tenant compte des disponibilités et des compétences des uns et des autres.

Mais elle se planterait. Inévitablement. Et lamentablement.

Car elle n’aura pas géré le côté humain.

Il faut tenir compte des imprévus, de la politique, du relationnel humain. Et ce qui s’avère être une bonne décision sur le papier se retrouve parfois être idiote sur le terrain.

Et ça, l’IA ne sait pas le gérer.

Vous avez donc tout intérêt à développer vos soft skills, notamment :
  • La communication
  • Le leadership
  • L’organisation et la gestion des priorités
  • La résolution de problèmes
  • La prise de hauteur pour mieux analyser les situations
  • La transversalité

3 ) Se former toute sa vie

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : l’école d’aujourd’hui n’est plus adaptée.

Elle ne nous apprend que des compétences obsolètes ou qui deviennent obsolètes en moins de 5 ans.

On n’y apprend aucune soft skills, on n’apprend pas à apprendre, à être curieux, à bien travailler ensemble, à bien communiquer, etc…

On y apprend de « vraies » compétences, les hard skills. Ces compétences techniques qui deviennent obsolètes aussi vite qu’on les a apprises.

C’est un leurre.

Vous ne devez pas compter sur l’école pour vous apprendre des choses qui seront utiles toute votre vie.

Et considérer qu’apprendre s’arrête avec la fin de vos études, c’est vous tirer une balle dans le pied. Avec un énorme magnum.

Si vous souhaitez décrocher un super job, continuez à vous former toute votre vie.

Développez votre curiosité, développez des compétences à tous les niveaux possibles.

N’attendez pas après les autres pour commencer à vous former et développer de nouvelles compétences.

Certes le gouvernement peut mettre des plans de formation en place pour les chercheurs d’emplois.

Certes, les entreprises peuvent vous payer des formations.

Mais le budget sera limité. Ainsi que le temps que vous pourrez y consacrer (il y aura toujours plus urgent à faire…).

Sans compter que vous ne pourrez pas vous former tous les ans à cause de la politique de formation : et oui, tout le monde au sein de l’entreprise doit bénéficier des formations, il faut donc attendre sagement votre tour.

Bref, vous l’avez compris, si vous souhaitez réellement vous former, investissez de votre temps et de votre argent personnel.

N’attendez rien des autres et n’attendez surtout pas les autres pour commencer à vous former. Parce qu’à trop attendre vous risquez de passer à côté d’une opportunité en or que vous regretterez ensuite.

Dites-vous que vous investissez finalement sur votre avenir. Et vous aurez un retour sur investissement.

L’IA, une opportunité ?

Un changement ce n’est jamais facile à accepter. Cela signifie de changer ses habitudes, de sortir de son confort de vie, de réapprendre de nouvelles manières de faire…

Il n’y a qu’à voir la résistance au changement qui se met en place quand on change un logiciel en entreprise.

Alors imaginez un peu ce que cela génère au niveau de la société lorsque le progrès technologique vient disrupter des pans entiers de l’économie.

Je pense qu’il n’y a que deux manières de faire face au développement de l’IA et à son arrivée dans le monde du travail :
  • Soit on monte dans le train, on s’adapte et on apprend à vivre avec et à faire autrement.
  • Soit on le regarde passer, on le caillasse un peu histoire de râler et on reste sur le banc en ayant son employabilité qui tombe à zéro tout en se lamentant de l’injustice de notre monde.

L’école est dépassée. Les connaissances que l’on acquiert ne servent qu’à obtenir un diplôme. Mais en vérité, elles sont déjà dépassées.

Quant au diplôme, il ne voudra plus rien dire d’ici 5 ans : il sera purement et simplement obsolète.

Pour rester compétitif face à l’IA, vous devez continuer à vous former toute votre vie. Développer vos compétences transverses. Vos soft skills. Chercher à agrandir votre champ de compétences, dans différents domaines. Et trouver des synergies.

Pour finir, je dirais qu’il ne faut pas chercher à combattre l’IA, ou à chercher à la concurrencer.

L’IA sera hyper spécialisée, et sera imbattable à cela. Mais elle aura du mal dans tout ce qui fait appel aux soft skills, à l’humain, à la créativité. Ou dans ce qui demande d’avoir un large spectre de compétences et une ouverture d’esprit.

Donc plutôt que de chercher à la combattre, adoptez-la. Développez une complémentarité avec elle. Car elle est là pour durer.

L’IA est finalement une formidable opportunité à saisir.

Pour désaliéner le travail, pour automatiser les tâches rébarbatives et inintéressantes, donner de l’autonomie aux gens, et réhumaniser le travail. En y redonnant du sens. Et en faisant appel aux interactions sociales, aux relations humaines et à la créativité.

Thibault Baheux

A propos

Tour à tour manager et chef de projet depuis 2008, j'ai managé des équipes jusqu'à 40 collaborateurs, aussi bien en management hiérarchique direct qu'en transversal.

Manager des personnes, c'est la chose la plus compliquée que j'ai eu à faire dans ma carrière. Mais c'est aussi la plus passionnante !

Je partage avec vous sur ce site mes meilleurs conseils, mes retours d'expérience, ma vision du management d'aujourd'hui et de demain.

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