2022…
C’est une année qui restera dans les livres d’histoire, à n’en pas douter.
La pandémie mondiale qui nous a frappé tant sur le plan sanitaire qu’économique laissera des traces.
Dans notre économie qui va prendre des mois pour s’en remettre.
Dans notre vie quotidienne et notre manière de consommer.
Mais également dans le monde du travail.
Face au confinement, les entreprises n’ont eu d’autres choix que de s’adapter, de bousculer les lignes, de passer massivement au télétravail et d’apprendre à travailler autrement.
Après 2 mois tous cloîtrés à la maison, on commence enfin à pouvoir mettre son nez dehors. Et c’est une vraie bouchée d’air frais pour certains.
Et avec le déconfinement, je vois des entreprises qui commencent à se relâcher et à envisager le retour à la normale, à « l’avant », plutôt que d’envisager l’après.
J’avoue ne pas comprendre leurs motivations.
Pourquoi se fatiguer à vouloir faire les choses comme avant alors que ce ne sera plus jamais comme avant ?
Se tourner vers le passé plutôt que vers l’avenir est une erreur stratégique fatale !
Tourné vers le passé… ou vers l’avenir ?
Après tout, pourquoi se tourner vers l’avenir, vers l’incertain quand on peut rester dans le passé, le connu, le confortable ?
Préférer retourner à « comme avant » plutôt que d’envisager le monde d’après et profiter de cette crise mondiale sans précédent pour se réinventer, réinventer la manière de faire, réinventer la manière de travailler ensemble, c’est faire preuve selon moi d’une vision court-termiste.
C’est réconfortant certes, on connaît la situation, on se dit qu’un retour à la normale c’est rassurant, c’est apaisant.
Mais tout comme dans la nature si un organisme n’évolue plus, il meurt. Car il n’est plus adapté au monde dans lequel il est. Les entreprises ne sont pas différentes.
Le monde évolue, les besoins des clients évoluent, les attentes des collaborateurs également. Si on ne s’adapte pas on se tire une balle dans le pied.
C’est aussi simple (et brutal) que ça.
Laissez-moi vous expliquer pourquoi c’est une erreur et pourquoi les entreprises doivent profiter de cette crise pour pousser le changement.
Les erreurs à ne pas faire en déconfinant son entreprise
Les 8 erreurs listées ici découlent toutes du même schéma de pensée : rester tourné vers le passé, par confort, et refuser tout changement.
- Erreur n°1 : Arrêter le télétravail après cette expérimentation géante
- Erreur n°2 : Revenir aux processus d’avant le confinement
- Erreur n°3 : Expliquer que la flexibilité ce n’est que passager
- Erreur n°4 : Mettre la transition numérique au second plan
- Erreur n°5 : Complètement oublier l’amélioration continue
- Erreur n°6 : Mettre de côté la culture de l’entreprise
- Erreur n°7 : Mettre l’humain au second plan
- Erreur n°8 : Faire comme si rien ne s’était passé
Erreur n°1 : Arrêter le télétravail après cette expérimentation géante
Le télétravail s’est déployé massivement avec ces 2 mois de confinement forcé.
Parfois rapidement, parfois à tâtonnement, parfois dans la douleur.
Par manque de moyen, d’anticipation, de temps pour former tout le monde aux outils du numérique… Les raisons sont multiples.
Mais malgré des couacs techniques, malgré les enfants gambadant gaiement à la maison, le chien qui aboie en pleine conf call, dans l’ensemble ça s’est bien passé.
Tout le monde s’est adapté, les entreprises ont continué à fonctionner. Et tout le monde s’est rendu compte que finalement c’est un moyen plutôt efficace de travailler.
Mais maintenant que le déconfinement est arrivé, je vois des entreprises adopter à nouveau leur position anti-télétravail, et demander à leurs salariés de revenir 5 jours par semaine dans les locaux de l’entreprise.
Maintenant qu’on a vu que ça fonctionnait, que les collaborateurs ont goûté aux bienfaits du télétravail et notamment à la flexibilité qui en découle, comment peut-on penser pouvoir justifier un retour à temps plein dans l’entreprise ?
Parce qu’on leur manque ?
Arrêtons cette mascarade !
Le télétravail apporte de la flexibilité et de la souplesse à tout le monde. Il permet de s’affranchir des problématiques de transport. d’être moins dérangé et d’être plus efficace dans ce que l’on fait.
Alors pourquoi vouloir l’arrêter ?
Erreur n°2 : Revenir aux processus d’avant le confinement
Pour faire face au confinement, les processus ont été assouplis.
Temporairement.
Imaginez :
Avant le confinement, vous traitiez les factures comptables uniquement si vous les receviez par courrier. Gentiment délivré par La Poste dans votre boîte aux lettres postale.
Une facture par mail ? Hop, clic droit, poubelle ! Ce n’est pas dans le processus.
Les bons jours, vous décidiez finalement d’écrire à votre interlocuteur pour lui dire qu’il est bien mignon mais que quand même ce serait bien si il veut être payé d’envoyer les factures par voie postale.
Parce que processus, tout ça, qu’on a toujours fait comme ça…
Pas terrible comme justification, mais passons.
Et là boum!
Du jour au lendemain, tout le monde chez soi !
Vous réflechissez un peu et vous vous dites : j’ai l’idée du siècle ! Pour continuer à gérer mes factures, je vais autoriser le traitement par mail. Comme ça pas besoin d’aller au bureau pour ouvrir des enveloppes porteuses de virus.
Et ça fait un carton !
Vos collègues sont ravis, les fournisseurs sont payés dans les temps.
Mais vous avez bien dit à tout le monde de faire attention, car il ne s’agit que d’une mesure TEM-PO-RAI-RE.
Et quoi ?
Vous vous imaginez, maintenant qu’on est en déconfinement, de dire à tout le monde fuck, maintenant on retourne ouvrir des enveloppes, tous à vos bureaux ?
Soyons sérieux…
Si on a pu adapter le processus aussi rapidement, si ça a fonctionné, pourquoi ne pas garder ce nouveau mode de fonctionnement ?
Pourquoi vouloir retourner à tout prix sur un processus lourdingue pour tous ? Je pense qu’on a mieux à faire que d’ouvrir des enveloppes pour scanner des factures imprimées par les fournisseurs à la base.
Autant les recevoir par mail et faire un clic droit / enregistrer sous, on gagne tous du temps.
Transformez vos mesures temporaires en « temporaire à caractère définitif », et vous ferez à coup sûr des heureux !
Erreur n°3 : Expliquer que la flexibilité ce n’était que passager
Vous vous voyez offrir le cadeau dont rêve votre enfant, le laisser jouer 5 minute avec puis lui reprendre sous prétexte que ce n’était que temporaire ?
Non ?
Et bien sachez que c’est pareil au travail. La fin du télétravail est vécu exactement de la même manière.
Les salariés ont goûté à la flexibilité, à plus d’autonomie et de responsabilités.
Et vous voudriez leur reprendre tout ça ?
A votre avis, comment ce sera vécu cette situation ?
Comme une véritable frustration. Comme un acquis qui disparaît. ça génèrera inévitablement du conflit. Du désengagement. Et de la démotivation.
Et au final c’est les talents qui risquent de quitter le navire pour de meilleurs horizons.
Et peu importe la manière dont c’est amené ou justifié, le salarié n’est pas dupe. Il aura l’impression de s’être fait enfler, et n’hésitera pas à vous la mettre à l’envers à la première occasion.
Erreur n°4 : Mettre la transition numérique au second plan
Si cette crise a montré quelque chose, c’est que la transition numérique a encore de beaux jours devant elle.
Et oui, il ne suffit pas de s’acheter un logiciel tout beau tout neuf ou d’afficher 3-4 slides titrés « transition numérique » pour régler le problème.
Tout ça, c’est du flanc. De l’esbroufe. Du bling-bling.
C’est bon pour ceux qui aiment bien exhiber leur rolex en réunion tout en employant des mots tendance.
Essayer d’utiliser un outil moderne en pondant à côté un processus des temps anciens inadaptable à l’outil, c’est se mettre un doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate.
La transition numérique oblige à repenser les processus internes, et les simplifier, à repenser l’usage des logiciels et la manière de travailler.
Si je reprends l’histoire de mes factures, l’idée n’est pas de faire la même chose via un nouvel outil, mais bien de simplifier les choses (ou de les automatiser entièrement ou en partie) via un nouvel outil.
Par exemple, on pourrait envoyer toutes les factures sur une boîte mail, avec un automatisme qui sait extraire les factures au format .pdf, associer un compte fournisseur d’après l’adresse mail, et les mettre automatiquement en attente de validation.
Sinon, si on souhaite procéder comme avant, autant acheter un robot qui va ouvrir les enveloppes et scanner les factures à la place du personnel.
Mais on est d’accord, c’est un peu risible.
La transition numérique, c’est important, encore plus maintenant. Et c’est indissociable du changement.
Erreur n°5 : Oublier l’amélioration continue
L’amélioration continue, c’est le nerf de la guerre.
C’est ce qui fait avancer le monde.
C’est ce qui permet d’innover, de performer, d’être plus efficace.
Sans ça, on en serait toujours à l’âge de pierre avec notre feu et nos silex !
L’amélioration continue est d’ailleurs au cœur des méthodes agiles.
Beaucoup de sociétés se réclament être des entreprises agiles, mais dans les faits quand on gratte un peu le vernis, on se rend bien compte que c’est tout sauf vrai.
Elles sont plutôt du style « on voudrait changer mais en faisant comme avant ».
Changer sans changer quoi.
Désolé, ce n’est pas possible.
Chercher à améliorer constamment ses processus, l’efficacité et la cohésion des équipes, les méthodes de travail c’est indispensable pour une entreprise si elle souhaite perdurer. Mais c’est encore loin d’être la norme.
Profitons donc de cette période pour développer une vraie culture d’amélioration continue, à toutes les strates de l’entreprise.
Erreur n°6 : Mettre de côté la culture de l’entreprise
Aaaaah, la culture d’entreprise…
Pour la plupart des entreprises, il suffirait de décréter des valeurs (qui changent année après année, tels les meilleurs crus du vignoble bordelais) pour que celles-ci se transmettent dans l’entreprise.
Hmmmm…. Pas vraiment convaincu…
Il ne suffit pas de dire qu’on forme une seule et même tribu pour que magiquement tout le monde ait l’impression de faire partie d’une grande famille.
La culture d’entreprise, la réelle, émerge de l’environnement de travail. ça ne se décrète pas. ça se vit.
Elle se construit, elle se vit, elle évolue au quotidien.
C’est la somme des expériences et des comportements de tout le monde au bureau : les meilleurs comme les plus mauvais.
J’aime bien d’ailleurs l’idée qui dit que le pire comportement que vous acceptez en tant que dirigeant définit la culture de l’entreprise.
Quoi qu’en dise vos valeurs affichées en grosses lettres noires sur le mur à l’entrée des bureaux.
La culture, c’est quelque chose qu’on va être tenté de mettre de côté ces prochains mois.
Parce qu’il faut rattraper les mois perdus avec le confinement.
Parce qu’on a pas le temps.
Parce que ce n’est qu’accessoire.
C’est une erreur.
En mettant de côté la culture d’entreprise, on ne va pas mettre en pause son développement. On enfile des œillères, mais elle va quand même continuer à évoluer.
Et ce sont les mauvais comportements qui prendront le pas : l’individualisme et le chacun pour soi, la non-entraide entre équipe, etc…
L’impact sur le long terme sera considérable pour l’entreprise.
Au contraire, il faut fédérer encore plus les collaborateurs et leur montrer que l’on est qu’une seule et même équipe.
Erreur n°7 : Mettre l’humain au second plan
Avec le déconfinement et la reprise de l’économie, on va penser chiffre, chiffre, chiffre.
Rattraper les mois perdus. Générer plus de chiffre d’affaire. Augmenter ses bénéfices. etc…
Et pour ça on va être tenté de faire travailler plus les collaborateurs, d’en virer d’autres, de leur imposer des jours de congés ou encore de leur faire subir plus de pression.
Erreur !
Se concentrer sur l’humain c’est encore plus nécessaire aujourd’hui.
Ce sont des hommes et des femmes qui produisent de la valeur et de la richesse pour l’entreprise.
Les faire travailler plus, les presser jusqu’à la moelle, ça ne donnera rien de bon.
Je vous pose la question : vaut-il mieux qu’un salarié travaille 5h par jour à fond et vous sorte un résultat final au top qualité, ou vaut-il mieux qu’il travaille 10h d’affilée pour un résultat médiocre ?
Car oui, on en est là.
La pression et les heures enchaînées ça n’apporte que de la fatigue. Et ça génèrera des erreurs.
Il faut arrêter de compter le travail en nombre d’heures passées au bureau mais plutôt se concentrer sur le résultat.
Le bien-être au travail ce n’est plus un sujet accessoire.
Sinon, comment comptez-vous attirer de nouveaux talents chez vous ? Et comment comptez-vous retenir les autres ?
En promettant plus de stress et de pression, mais en contrepartie une petite prime ?
Les attentes des collaborateurs ont évolué. Ce qu’on souhaite maintenant c’est faire un travail qui nous parle, qui a du sens. C’est être reconnu pour qui l’on est et ce que l’on fait. Et avoir un bon équilibre de vie, entre vie pro et vie perso.
Et les entreprises qui comprennent ça ont clairement un temps d’avance sur les autres.
Elles sauront attirer les talents. Et les autres qui n’auront pas pris le pli ramasseront les miettes.
Erreur n°8 : Faire comme si rien ne s’était passé
Soyons honnêtes : on n’a pas tous vécu le même confinement. Et faire comme si rien ne s’était passé, ça ne fonctionnera pas !
Pendant que des parents seuls ont été confinés pendant 2 mois avec leurs enfants dans un appartement de 30m2 au 5ème étage, d’autres sont partis se prélasser dans leur résidence secondaire, en bord de plage.
Bon j’exagère un peu le trait mais vous comprenez l’idée.
Nous avons chacun fait face différemment à cette période, mais ce qui est sûr c’est que cela a généré de la fatigue, de la charge mentale, du stress lié à l’incertitude du lendemain, de la souffrance de ne plus pouvoir voir ses proches, du deuil pour certains… A des niveaux différents pour chaque personne.
Et tout ça ça ne va pas disparaître du jour au lendemain. Il va y avoir un temps d’adaptation pour que les esprits se libèrent. Et les entreprises doivent en tenir compte.
C’est le meilleur moment pour développer son empathie, se mettre à la place de l’autre pour comprendre ce qu’il a vécu.
Pour parler et se libérer le cœur.
Ou tout simplement pour écouter les autres.
Développer son empathie va permettre de mieux se comprendre, sans se juger. De mieux communiquer. Et de mieux travailler ensemble.
Ne jugeons pas, soyons indulgents, cultivons la bienveillance et l’esprit d’équipe, et avançons ensemble sur les projets et objectifs de l’entreprise.