Thibault Baheux
4 février 2023  - minutes de lecture

1 salarié sur 4 (24%) est en situation de surmenage, et proche d’un burnout, selon le « baromètre national du bonheur au travail 2017 », commandité par la Fabrique Spinoza.

1 sur 4 !

Alors, on peut légitimement se poser la question : que font les organisations et les managers pour prévenir le burnout ?

Ce n’est peut-être pas une question de mauvaises intentions, mais tout simplement une méconnaissance de ce qu’est le burnout.

Si on ne l’a pas vécu, on peut effectivement avoir du mal à comprendre cette maladie pernicieuse qui a élu domicile dans nos bureaux.

Qu’est-ce que le burnout ?

Littéralement, faire un burnout, c’est brûler de l’intérieur, se consumer. C’est une usure à petit feu qui trouve sa source dans le cadre professionnel, explique Catherine Vasey, psychologue et auteur du livre Burn-out : le détecter et le prévenir.

Contrairement à ce que l’on pense, la première cause d’un burnout n’est pas psychologique. Il s’agit en fait d’un stress important et répété (le stress chronique) que l’on subit au quotidien au travail : Surcroît de travail, échéances courtes voire inatteignables, pression monstrueuse, etc…

A ceux qui se pose la question, le stress est une réaction du corps humain, qui se met en alerte le temps d’un danger. Il a donc une fonction utile, et subir du stress de temps à autre ne déclarera donc pas de burnout, ni ne mettre notre santé en danger.

Non, le problème, c’est quand ce stress perdure, le corps reste en alerte, s’épuise.

Et puisqu’aujourd’hui, bien plus qu’avant, nous vivons à 200 à l’heure, connectés 24 heures sur 24, puisque nous travaillons sans cesse dans l’urgence pour gérer les priorités des priorités, il n’y a pas besoin d’avoir fait 10 ans de psychologies pour se rendre compte que cela génère du stress. Au quotidien. Tout le temps.

Et que cela génère de la fatigue pour le corps, et pour le moral.

Et avec cette fatigue vient les premiers doutes sur les compétences, l’irritabilité, la dépréciation de soi, la démotivation, l’épuisement émotionnel, etc…

C’est cet état de fait que l’on appelle burnout. Et oui, il faut bien considérer le burnout comme une maladie professionnelle.

Comment prévenir le burnout ?

Pour prévenir le burnout, il faut avant tout comprendre comment le burnout fonctionne, dans ses différentes phases.

Il faut alors apprendre à repérer ces signes chez soi, et chez les autres, ce qui permettra d’alerter et de prévenir à temps la survenance d’un burnout.

Car soyons clair, non seulement la victime de burnout en souffre durement pendant plusieurs mois, mais il en est de même pour l’équipe qui se retrouve avec un membre en moins ou pour le manager qui va développer un sentiment de culpabilité, sans pour autant comprendre ce qu’il a mal pu faire.

Le burnout se décompose donc en 4 phases.

1 ) La phase d’alarme

Cette phase commence systématiquement par un surmenage, la cause de celui-ci pouvant être multiple : surcroît de travail, échéance à ne pas dépasser, gros dossier pour un client, pression du manager, etc…

Commence alors une longue période de sur-activité, allant souvent de pair (mais au début seulement)  avec un réel plaisir à se sentir utile et à accomplir toutes ces tâches.

Cette période de suractivité entraîne irrémédiablement une grosse fatigue, d’abord physique, puis morale.

Saviez-vous qu’au-delà de 6 mois d’affilée, le stress finit par épuiser le corps ?

Les premiers symptômes de cette fatigue physique et morale commencent à apparaître : maux de tête, mal de dos, troubles visuels, irritabilité accrue, colères et peurs incontrôlées, humeur désabusée, etc…

2 ) La phase de résistance

S’ensuit alors la phase de résistance, où la victime, fatiguée, va redoubler d’efforts pour garder son efficacité au top !

Elle va alors entrer dans un cycle vicieux d’acharnement et de travail compulsif, qui va engendrer plus de stress, et plus de fatigue morale et physique pour son corps, ce qui va par conséquence aggraver les symptômes.

Le travail occupe une place toujours plus grande, le salarié a de plus en plus de mal à déconnecter, et cela commence à se ressentir dans sa sphère familiale et ses activités sociales.

La solitude et le déni prennent une place prépondérante dans le quotidien du salarié, les horaires de travail s’allongent, il arrive tôt, repart tardivement, emporte des dossiers le weekend, a du mal à tenir les délais qui lui sont imposés…

Bien sûr, la fatigue, les maux de tête, de ventre, etc déjà ressentis lors de la phase 1 ne font que s’accentuer.

A ce stade, bien souvent, seuls ses proches sont en mesure de donner l’alerte.

3 ) La phase de rupture

S’ensuit la troisième phase, la phase de rupture, dite aussi la phase de la désillusion.

Le corps a clairement atteint ses limites, ce qui s’en ressent sur le travail du salarié. Ses efforts sont de moins en moins reconnus par son organisation, et la victime de burnout commence à s’auto-dévaloriser : son anxiété augmente et son estime de soi diminue.

Le comportement et le corps change : insomnies, hypertension, prise ou perte de poids, eczéma, comportement agressif ou au contraire apathique, etc…

Au bureau, on peut distinguer un repli sur soi, un absentéisme prononcé : des arrêts courts au début, puis de plus en plus longs et de plus en plus fréquents.

Lors de cette phase de rupture, le salarié n’a pas encore conscience qu’il vit un épisode de burnout, et il est en général trop tard pour faire de la prévention.

4 ) La phase de burnout

Il est déjà trop tard. Épuisé tant physiquement que psychiquement, le salarié craque : il brûle de l’intérieur, et n’est plus capable de travailler.

Certains subissent des crises de panique, ou au contraire sont atones, indifférent à tout ce qu’il se passe autour d’eux. D’autres peuvent même aller jusqu’aux pathologies cardiaques.

Un arrêt médical de plusieurs semaines voire plusieurs mois s’avèrera nécessaire, ainsi qu’un suivi médical, pour restaurer l’équilibre physique, émotionnel perdu. Sans parler de l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle, perdu depuis bien longtemps.

Une autre manière de manager

Une chose est certaine : dans la grande majorité des cas, le stress et la pression subies par le salarié descend directement du manager.
Il apparaît alors comme nécessaire de repenser la méthode de management et de motivation des collaborateurs.

Je vous invite d’ailleurs à (re)lire mon article sur les 12 leviers de la motivation au travail !

On peut être exigeant avec ses collaborateurs sans pour autant les mettre en stress ou sous pression!

Pas besoin de les assaillir de travail et d’échéances inatteignables pour espérer tirer le meilleur d’eux.

Pour préserver ses équipes et en tirer le meilleur, il faut à mon sens :

Thibault Baheux

A propos

Tour à tour manager et chef de projet depuis 2008, j'ai managé des équipes jusqu'à 40 collaborateurs, aussi bien en management hiérarchique direct qu'en transversal.

Manager des personnes, c'est la chose la plus compliquée que j'ai eu à faire dans ma carrière. Mais c'est aussi la plus passionnante !

Je partage avec vous sur ce site mes meilleurs conseils, mes retours d'expérience, ma vision du management d'aujourd'hui et de demain.

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  • Tes commentaires sont toujours aussi efficaces.
    Le burnout c’est la même famille que la dépression nerveuse dans les couples, ce sont les mêmes symptômes, et la finalité est la même, le clash…

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