Thibault Baheux
22 mai 2022  - minutes de lecture

Certains collègues et managers sont passés maître dans l’art d’utiliser des expressions et des petits mots à la con au bureau.

Et à chaque fois,c ‘est la même rengaine. Vos poils se dressent sur vos avant-bras. Vous sentez votre corps se raidir. L’agacement qui monte en vous. Vos muscles se tendent, prêts à distribuer des baffes. Mais vous n’osez rien faire, car vous êtes bienveillant, et vous répondez par un sourire ou par une absence de réponse.

Vous n’êtes pas le seul / la seule ! 

Sans plus attendre, voici la liste des expressions que je ne supporte absolument plus au bureau !

15 expressions à bannir du bureau dès maintenant !

1 ) Bon courage

On l’entend tout le temps :

  • Bon courage pour la journée
  • Bon courage pour cette réunion
  • Bon courage pour réaliser cette tâche

D’après Wikipédia, le courage permet d’entreprendre des choses difficiles en surmontant la peur, et en affrontant le danger, la souffrance, la fatigue.

Pourquoi faudrait-il que travailler / réaliser quelque chose / assister à une réunion (rayer la mention inutile) soit synonyme de danger, de peur et de souffrances ?

Se souhaiter bon courage, c’est se dire « on souffre et on subit pendant 5 jours par semaine. On survit pour avoir le droit de nous reposer devant Netflix 2 jours par semaine ». Qui voudrait d’une vie comme ça ?

2 ) C'est urgent / prioritaire

Des imprévus qui tombent et qu’il faut traiter rapidement, ça existe. En général, il s’agit d’incidents de production, de problématiques impactant les clients finaux.

Le problème, c’est que selon certains, TOUT est URGENT ! TOUT est PRIORITAIRE !

Ils en usent tellement que ça en devient fatiguant, et qu’on perd justement le sens des priorités ! Et on en arrive à la conclusion que si tout est urgent, rien n’est urgent. Et le jour où une vraie priorité doit être traitée, on ne sait pas la différencier des autres demandes « urgentes ».

Au final, on perd tous du temps, la vraie urgence est traitée à la bourre, et les clients finaux en font les frais.

Plutôt que de mettre la pression aux autres avec une soit-disant « urgence », fixez une échéance et expliquez l’impact que cela aura si ce n’est pas traité dans les temps.

3 ) Comme un Lundi

« Ça va ? »

« Comme un Lundi »

Sous-entendu, le Lundi est un jour éprouvant et déprimant. Le Lundi, on recommence ce cycle terrible du travail, où on arrête de vivre pendant 5 jours, où l’on déprime, où l’on souffre, et où l’on attend impatiemment le weekend.

Je suis le seul à trouver cette expression insupportable ?

A ces personnes j’ai envie de leur répondre que s’ils dépriment ou s’emmerdent dans leur job, il est toujours temps d’aller voir ailleurs.

Les gens démotivés sont priés de laisser ceux qui sont motivés de travailler !

4 ) Je sais pas

Avez-vous remarqué que quand vous posez des questions, il y en a toujours un pour répondre « Je sais pas » avant même de commencer à réfléchir ?

C’est leur réponse miracle ! ça marche à tous les coups, pour toutes les questions. C’est d’ailleurs la beauté de cette réponse toute faite.

Si je ne sais pas, j’en ferais moins, la responsabilité sera reporté sur quelqu’un d’autre. Et puis, apporter une réponse à une question, ça nécessite du temps de cerveau disponible.

Bref, par pitié, je vous en supplie ! Si vous ne savez pas, cherchez, renseignez-vous, faites preuve d’un peu de bon sens mais évitez de refiler la « patate chaude » à votre voisin.

5 ) J'ai pas le temps

Grand classique également : les spécialistes qui n’ont jamais le temps et sont toujours en retard. Vous avez sûrement un ou deux exemples sous la main.

Mais si, vous savez, ces personnes qui prennent 10 minutes à vous expliquer qu’ils n’ont pas le temps de répondre à un mail, ce qui nécessiterai seulement 2 minutes de leur temps ?

Je ne les supporte plus !

Si vous n’avez vraiment pas le temps, arrêtez d’envoyer bouler votre interlocuteur. Donnez-lui un créneau où vous aurez le temps de discuter avec lui.

Si vous passez votre temps à expliquer aux autres que vous n’en avez jamais, ne vous étonnez pas s’ils se cachent dès que vous débarquez dans leur bureau pour les solliciter.

6 ) Sauf erreur de ma part

Mention qui apparaît généralement au début d’un mail. C’est une manière de vous relancer sans vraiment l’assumer.

« Sauf erreur de ma part, je n’ai pas reçu les documents »

Soit votre interlocuteur a vérifié et est certain de ne pas les avoir reçus, soit votre interlocuteur est juste bordélique et incapable de s’organiser.

Je vous laisse choisir ce qui convient le mieux. 

Mais je vous conseille vivement de dire explicitement ce que vous souhaitez à votre interlocuteur, sans vous cacher derrière des expressions toutes faites, qui ne veulent pas dire grand chose.

Vous n’avez pas reçu les documents ? Dites-le lui clairement, et demandez-lui quand vous pouvez espérer les recevoir.

7 ) C'est la vie

Vous grognez car l’organisation inter-services de votre entreprise vous fait perdre un temps monstrueux dans votre travail, et votre collègue vous regarde, hausse les épaules, et vous réponds : « C’est la vie ! »

Vous savez ce qui est le plus exaspérant dans cette expression ? C’est cette notion de passivité, ce côté « je suis blasé je baisse les bras ». Ce « c’est comme ça, on ne peut rien y faire, ce sera toujours comme ça ».

Et bien non, désolé. Il faut traquer ces désorganisations, ces processus qui empiètent sur la productivité des équipes. Les traquer et les améliorer, pour gagner en efficacité. C’est le principe même de l’amélioration continue.

8 ) C'est compliqué

A chaque fois que vous souhaitez réaliser quelque chose, il y a toujours un rabat-joie pour vous expliquer que « c’est compliqué ». Alors oui, les processus d’entreprises, les systèmes d’information, les flux d’informations et d’échanges entre services, logiciels, entreprises, partenaires, etc sont complexes.

Mais faudrait-il ne rien faire parce que c’est complexe ? NON !

Si une opération est complexe, on la découpe en tâches plus simples, on étudie, on anticipe, on planifie et on réalise. C’est le principe même de la gestion de projet !

Si l’humanité s’était arrêté à chaque fois qu’elle a fait face à une épreuve « compliquée », on en serait encore à l’âge du feu !

9 ) ASAP / Dès que possible

Asap est l’acronyme de « As soon as possible » : dès que possible en français.

Et c’est utilisé à tort et à travers par de nombreux collaborateurs.

Lorsqu’on fixe une échéance à une tâche ou un projet, l’échéance doit être claire, et positionnée dans le temps :

  • Dans 3 jours
  • Décembre 2018
  • Le mardi 20 Novembre 2018, à 11h30

Alors expliquez-moi comment vous fixez une échéance à la date « dès que possible » ? Comment vous organiser avec ce genre d’échéances bidons ?

Si je vous réponds que pour moi le « dès que possible », c’est dans 6 mois, vou l’acceptez ou vous me dites que c’est trop tard ?

Si c’est vraiment prioritaire, dites-le, et donnez une échéance concrète !

10 ) T'as pris ta journée ?

Vous venez de terminer votre journée, 8 heures bien tassée, vous quittez le bureau à 17 heures, et le rigolo du service vous sors un « t’as pris ta journée ? ».

Dans ces conditions, je perds carrément mon sang-froid !

Déjà parce que ce n’est pas parce qu’on reste plus d’heures au bureau qu’on est plus productif. J’aurais même tendance à dire l’inverse. S’il vous faut 10 heures pour faire le travail que j’effectue en 8 heures, c’est que :

  • Vous êtes désorganisé
  • Vous passez votre temps à sauter de distractions en distractions
  • Vous faites une pause déjeuner de 2 heures

Arrêtons de juger les collaborateurs sur le temps passé au bureau, mais plutôt sur les résultats !

Parce que soyons honnêtes, je pourrais très bien rester 10 heures derrière mon bureau à glander toute la journée.

11 ) Je dis ça, je dis rien

« Je dis ça, je dis rien, mais je pense que tu devrais faire comme ça ».

Chaque fois que j’entends ça en réunion, je me crispe sur ma chaise !

Soit vous dites quelque chose et vous le dites clairement, sans détours. Soit vous vous taisez. Mais utiliser une expression genre « à ta place j’aurais pas fait comme ça, mais j’suis pas à ta place alors je dis rien, même si je le dis quand même pour faire le malin auprès des autres », ça fait perdre du temps à tout le monde, et ça dessert vos propos !

12 ) On a toujours fait comme ça

Je crois bien que cette expression est la pire de toutes !

Je ne sais pas vous, mais je ne supporte plus les nostalgiques au travail qui pensent que « c’était mieux avant ». Quand vous les écoutez, c’était toujours mieux avant !

Alors oui, bien sûr, certains changements sont mal conduits par les entreprises, bien sûr qu’il y a des choses à améliorer. Mais plutôt que de râler dans son coin et d’être nostalgique des inventaires papiers raturés, des téléphones portable avec antenne extérieure d’un kilo, et des modems 56k, il serait plus intéressant de proposer des évolutions pour améliorer son quotidien au travail.

Non ?

Être réfractaire au changement, ce n’est tout simplement plus compatible avec le monde d’aujourd’hui.

13 ) Vendredi tout est permis

Il existe une croyance selon laquelle le Vendredi, à l’approche du weekend, on a un regain d’énergie, on se sent revivre et pousser des ailes.

Et on tente des jeux de mots douteux, on ose porter la chemise Mickey que nos enfants nous ont offert pour l’anniversaire, assortie de chaussettes bariolées multicolores. On dégaine la chocolatine (et oui, #teamchocolatine) au petit déjeuner, on se permet de prendre une pause de plus de 2 heures et de se faire un resto. Car le Vendredi, tout est permis. Tout !

Mais en vrai, non. Si vous avez envie de vous faire plaisir, pourquoi le Vendredi serait différent du reste de la semaine ?

Si vous en êtes rendu au stade d’attendre et d’espérer le Vendredi parce que c’est un presque-weekend, je pense qu’il est sincèrement temps de vous mettre en quête d’un nouvel emploi !

14 ) C'est dans le pipe

C’est miraculeux, tout ce que l’on arrive à loger dans les tuyaux (pipe en anglais) ! C’est une expression-justification qui permet :

  1. De préciser à votre interlocuteur que vous êtes débordé, ce qui signifie forcément que vous fournissez un travail de haute qualité. Car c’est bien connu plus on a de travail, meilleur on est.
  2. Qu’heureusement, vous savez vous organiser et que vous n’avez pas oublié tout ce que vous devez faire. La preuve, c’est dans le pipe
  3. Que vous maîtrisez à merveille la langue de Shakespeare

Ce qu’on oublie de dire, c’est que la taille du tuyau est à dimension trèèèèèèèèèèès variable, selon les personnes !

Alors oui, on peut prendre en compte des tâches, des missions, des projets, mais si on ne fixe pas d’échéance en face, on perd toute crédibilité.

15 ) Au jour d'aujourd'hui

Il doit y avoir des vagues d’épidémies saisonnières car en ce moment je l’entends plusieurs fois par jour.

Et vous savez pourquoi ça me crispe ?

Car ça ne veut rien dire : c’est un pléonasme, on répète la même chose.

Vous voyez utiliser l’expression « au jour de ce jour ? »

Non, c’est idiot, n’est-ce pas ? Et bien c’est pourtant ce que veut exactement dire au jour d’aujourd’hui.

Voilà, vous savez maintenant comment m’agacer en quelques secondes au bureau.

 Je vais être franc, je ne suis pas infaillible, j’en utilise certaines encore. Mais je me soigne ! 

Et vous, quelle est l’expression qui vous donne envie de distribuer des claques au bureau ? Lâchez-vous dans les commentaires !

Thibault Baheux

A propos

Tour à tour manager et chef de projet depuis 2008, j'ai managé des équipes jusqu'à 40 collaborateurs, aussi bien en management hiérarchique direct qu'en transversal.

Manager des personnes, c'est la chose la plus compliquée que j'ai eu à faire dans ma carrière. Mais c'est aussi la plus passionnante !

Je partage avec vous sur ce site mes meilleurs conseils, mes retours d'expérience, ma vision du management d'aujourd'hui et de demain.

Vous aimerez aussi : 

  • J’en une: Il pleut averse dehors, ceux qui arrivent disent » t’as vu le temps » Non je n’ai rien vu, j’ai dormi au bureau…
    Ça rappelle Bigard au restaurant, le serveur lui dit, « c’est pour manger » Non je viens me faire couper les cheveux…

  • C’est une manière de créer la discussion, de se sociabiliser, de créer du lien avec ses collègues. Comme c’est souvent fait au début d’une réunion. On évoque un sujet anodin, on sort une petite blague de derrière les fagots, on brise la glace et ça décrispe un peu les gens. Mais je dois avouer qu’il y a mieux que « t’as vu le temps » pour cela

  • J’ai bien ri en lisant cet article car c’est tellement vrai! Article à partager sans modération à tous ses collègues (en espérant qu’ils comprennent le message subliminal) 😀

  • Une 13 ème phrase me vient qui m exaspère !
    Je ne peux rien faire à mon niveau, ce n est pas moi qui fait les règles.
    Si je pouvais tu sais que je fairais tout…..
    Alors que lorsque l’on veut vraiment on peut faire un minimum même à son niveau ou proposer des changements ou modifications . Il faut juste essayer
    « C est avec des petits ruisseaux que l on fait les grandes rivières  »
    Une autre aussi qui rejoint la 13 ème.
    Je comprend mais …….
    Ce mais qu il y a à la fin de la phrase . On commence par faire semblant d être empathique puis on termine par mais …
    Assumez ce que vous dites et ne laissez pas d espoir à votre interlocuteur surtout qu en réalité vous n êtes pas d accord avec lui ou que vous ne le comprennez pas .

  • Bonjour Séverine,
    Je valide les deux !
    Le « mais » m’exaspère tout autant lorsqu’il suit un « je suis d’accord ». Si l’on est d’accord, il n’y a pas de mais, vu que par définition on est sur la même longueur d’ondes. C’est comme si je disais qu’on va faire la même chose en différent.

    Quant au « ce n’est pas moi qui fait les règles », même si c’est vrai, et même si l’on n’a pas le pouvoir de décision sur un sujet, effectivement on peut toujours remonter une information, proposer un changement, etc… C’est une des phrases magiques qui permet de se déresponsabiliser et d’accuser l’autre : c’est pas moi le fautif, c’est celui d’à-côté, ou celui du dessus.

  • Bien vrai tout cela. Il y a également une expression très énervante utilisée par certains : celle de de commencer leur phrase par "On est d'accord que…" alors que l'on ne sait pas ce que contiendra le propos à venir.
    Je ne vois pas comment on peut être d'accord à priori. Par contre je n'ai pas de problème à l'être à posteriori ! C'est une forme de prise de pouvoir qui écrase l'interlocuteur et donc à bannir de l'entreprise.

  • Je l’ai oublié celle-là, mais ça m’énerve prodigieusement. Mon côté provoc’ a envie de dire : si on est déjà d’accord, pourquoi es-ce qu’on en reparle ? Pourquoi est-ce qu’on fait cette réunion en premier lieu ? 🙂

  • Bonjour,
    j'adore votre site !
    C'est tellement vrai !!!
    Et je vous joins rejoints totalement dans ce que vous écrivez.
    Perso, je bosse avec des collègues dont une a la manie de mettre dans toutes ses phrases et à longueur de journée….
    ""oh oui je pense", "moi je pense", "mais oui je pense", "ah oui je pense".
    C'est juste insupportable à l'oreille. elle ne connait pas les synonymes !!!
    et en plus, elle ramène tout à elle, elle essaie de se mettre en avant, mais même ses discours sont insupportables car elle se prend pour Madame !!
    Réfléchir avant de parler, en plus elle ne sait pas faire, elle connaît très peu de choses, n'a que très peu de vécu…
    Bref…
    Même les autres collègues, je les ai entendu en parler entre eux, et ils n'en peuvent plus. et font le même constat que moi.
    Dur dur à supporter, mais par chance je relativise car c'est ce que j'ai de mieux à faire!! E

    Bien à vous et merci pour votre site qui me permet de vous raconter tout ça .
    Cordialement

  • {"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}
    >