Thibault Baheux
19 avril 2023  - minutes de lecture

Le management bienveillant, un concept dans l’ère du temps.

Tout le monde se met à en parler : médias, réseaux sociaux, managers, DRH, psychologues du travail, coachs, patrons, etc…

Mais concrètement, quel est l’intérêt du management bienveillant ? Et comment on le met en pratique ?

Le management bienveillant expliqué aux managers

Les critiques diront que le management bienveillant ça fonctionne mais uniquement au pays des bisounours, où la niaiserie et la naïveté règnent en maîtres.

Derrière la notion de management bienveillant se cache une réalité : la recherche du bien-être et de l’épanouissement au travail.

Le management bienveillant, ce n’est pas organiser une sortie pour tous les collaborateurs en soirée ou en weekend.

Ce n’est pas non plus organiser un tournoi de babyfoot, ou accepter et encourager le télétravail dans la société.

Le management bienveillant, c’est quelque chose de plus fort, de plus profond, de plus authentique : C’est quelque chose de profondément humain.

C’est :

  • Accepter l’autre tel qu’il est, avec toutes ses qualités et défauts, et toutes ses différences
  • Avoir un profond respect pour ses collaborateurs, et ne plus être dans une relation chef <-> subordonné
  • Comprendre qu’agiter la carotte ou le martinet n’est pas la meilleure des manières d’obtenir un travail de qualité des collaborateurs
  • Être dans la communication, dans la transparence
  • Apporter du sens dans le travail de ses collaborateurs
  • Être authentique, être soi-même, et autoriser ses interlocuteurs à l’être également
  • Faire confiance à ses collaborateurs, et leur redonner autonomie et responsabilités

Alors oui, bien sûr, le but reste la productivité et la rentabilité de l’entreprise, on ne met pas en place le management bienveillant par charité.

Mais en même temps, vous en connaissez beaucoup vous, des sociétés qui n’ont pas pour but d’être rentable ?

Contrairement aux sociétés classiques, celles qui choisissent le management bienveillant ont compris que « la santé des salariés est une source incontestable d’efficacité des salariés », comme évoquait Henri Lachmann, patron de Schneider, en 2010.

Avantage non négligeable, le management bienveillant permet de prévenir les risques psycho-sociaux tels que le boreout ou le burnout, mais également de diminuer drastiquement l’absentéisme, le manque de motivation et d’implication.

Bonnes pratiques à l'usage du manager bienveillant

Concrètement, quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place pour le manager bienveillant ?

1 ) Pratiquer l'écoute active

Ne cherchez pas à couper la parole de vos collaborateurs, écoutez les avec attention, et laissez-les finir ce qu’ils ont à dire avant de répondre.

Cela leur permettra de se sentir réellement considérés, mais ça vous forcera également à écouter et entendre le message que l’on vous passe, et à mieux réfléchir avant d’essayer d’avoir le dernier mot en ayant écouté la moitié de ce qu’on vous a dit.

2 ) Être empathique

L’empathie, c’est quelque chose qui devient réellement nécessaire dans les espaces de travail.

L’empathie, c’est se mettre à la place de l’autre, comprendre les choses comme il les comprend, à ne pas confondre avec la compassion.

3 ) Avoir confiance en ses collaborateurs

La confiance, c’est primordial!

Sans confiance, il ne peut pas y avoir de rapports authentiques entre 2 personnes.

Et au travail, sans confiance, c’est tout simplement impossible de motiver et impliquer des collaborateurs sur le long terme.

4 ) Se remettre en question

LE point le plus important selon moi.

Le manager bienveillant doit être capable de se remettre en question, constamment.

C’est comme cela que l’on évolue, que l’on donne le meilleur de nous-mêmes.

Et c’est comme cela que l’on obtient le meilleur de son équipe : en acceptant qu’on ne peut pas tout connaître, que l’on peut s’améliorer, et qu’il est nécessaire de se remettre en question.

5 ) Responsabiliser et autonomiser ses équipes

En tant que manager, appréciez-vous que votre boss soit toutes les 5 secondes sur votre dos à vous dicter quoi faire, ou à vérifier tout ce que vous faites par-dessus votre épaule ?

Je ne pense pas non, et je ne pense pas non plus que vous produisez du travail de qualité dans ce contexte-là.

Et bien, c’est exactement pareil pour vos collaborateurs.

Donnez leur plus d’autonomie, donnez leur plus de responsabilités : cela ne veut pas dire qu’il faut les laisser faire uniquement ce qu’ils veulent.

Vous pouvez leur donner une vision, un objectif : à eux de déterminer le chemin qui leur convient le mieux pour l’atteindre.

6 ) Valoriser, féliciter, célébrer

Ne lésinez pas sur ce point, c’est important de reconnaître un collaborateur pour qui il est, pour ses compétences ou la qualité de son travail.

Pour maîtriser l’art du remerciement, il vous est nécessaire de connaître les 4 piliers de la reconnaissance au travail.

7 ) Donner le droit à l'erreur

L’erreur est humaine!

Vous, moi, vos collaborateurs, Régis à la compta, on fait tous des erreurs!

On en a tous déjà fait et on va tous continuer à en faire.

Vous énerver, faire culpabiliser l’auteur de l’erreur, ça servira à quoi, à part dépenser inutilement votre temps et votre énergie ?

L’erreur est faite de toute manière, il faut la corriger, alors autant s’y atteler.

Donner le droit à l’erreur à ses équipes, ce n’est pas dire amen devant une erreur faite à répétition.

Mais c’est donner l’occasion à celui qui a fait cette erreur de la corriger, et d’apprendre.

8 ) Pratiquer l'élégance du discours et les gestes

Ne pas critiquer quelqu’un dans son dos, ne pas parler d’une personne en termes négatifs, autant de choses simples qui peuvent faire toute la différence dans la communication avec ses collaborateurs.

Si vous avez besoin d’émettre une critique sur le travail d’une personne, faites en sorte de ne pas dénigrer le travail ni de dénigrer cette personne.

9 ) Se rendre disponible

Laisse votre porte ouverte, invitez vos collaborateurs à venir vous voir en cas de problèmes.

Et lorsque quelqu’un vient vous voir pour vous demander votre aide, ou aborder une problématique avec vous, ne vous avisez pas de lui dire que là maintenant vous n’avez pas le temps.

Ce n’est pas parce que vous écoutez ce qu’il a à dire que vous devez traiter cela dans l’immédiat : vous pouvez très bien prendre rendez-vous pour en discuter de manière plus approfondie, ou vous mettre une tâche à réaliser dans votre todolist.

10 ) Être poli, souriant et agréable autant que possible

LA base de tout rapport humain, mais c’est toujours important de le rappeler.

Dire bonjour, au revoir, merci, esquisser un sourire et être agréable au quotidien, c’est juste LA base!

Et c’est quand même vachement plus agréable de travailler dans un environnement qui respire la joie et la bonne humeur, non ?

11 ) Se doter d'une fiabilité à toute épreuve

Vous devez être fiable pour vos collaborateurs.

Lorsque vous dites quelque chose, faites-le.

Lorsque vous vous engagez sur quelque chose, faites-le également.

Lorsque votre équipe rame sur une problématique, ramez avec eux.

Montrez leur que vous êtes quelqu’un de fiable, qu’ils peuvent se reposer sur vous, et votre leadership s’imposera de lui-même.

12 ) Garder son calme en toute circonstance

Peu importe la raison, qu’elle soit valable ou non,vous ne vous énerverez point, vous garderez votre calme, en toute circonstance.

Oui, il y a des situations inattendues qui arrivent tous les jours, oui elles peuvent être très impactantes, génératrices de stress et de pression, mais s’énerver, c’est céder à la panique, et c’est concentrer son énergie au mauvais endroit.

Le management bienveillant est un style de management répondant aux besoins humains des collaborateurs, et qui sert de manière indirecte le développement et la croissance de l’entreprise.

S’il a le vent en poupe,  c’est qu’il y a une bonne raison : Il permet d’accroître le bien-être des collaborateurs, de construire de nouvelles relations en dehors des sentiers manager <-> subordonné, et également d’apprendre à vivre et créer ensemble, en toute authenticité.

Être bienveillant, finalement, n’est-ce pas un simple retour vers notre humanité profonde, que nous avons trop brimé et relégué au second plan ces dernières années en entreprise ?

Ou peut-être préférez-vous le management à l’ancienne, par objectifs, avec la carotte et le bâton ?

Thibault Baheux

A propos

Tour à tour manager et chef de projet depuis 2008, j'ai managé des équipes jusqu'à 40 collaborateurs, aussi bien en management hiérarchique direct qu'en transversal.

Manager des personnes, c'est la chose la plus compliquée que j'ai eu à faire dans ma carrière. Mais c'est aussi la plus passionnante !

Je partage avec vous sur ce site mes meilleurs conseils, mes retours d'expérience, ma vision du management d'aujourd'hui et de demain.

Vous aimerez aussi : 

  • Salut Thibault ! J’espère que tu vas bien :).

    Excellent article, merci !

    Beaucoup trop de managers ne se remettent pas en cause. Pire, certains ne tolèrent pas l’erreur.

    Le commandement qui m’a le plus parlé est le deuxième. On ne connait pas toutes les difficultés de nos collaborateurs. L’empathie peut désamorcer beaucoup de situations difficiles.

    Et toi, tu as un commandement préféré ?

    Au plaisir de te lire,

    Ali

  • Bonjour Ali,

    Je dirais le troisième : Faire confiance.
    On a beaucoup de mal à faire confiance par défaut à nos collaborateurs en France, et c’est franchement dommage, car :

    • Le manager ne délègue pas, par peur que ce soit mal fait, et finit par être débordé. Je ne compte plus le nombre de managers opérationnels (le fameux middle management) qui croulent littéralement sous les tâches.
    • Sans confiance, c’est impossible de responsabiliser et d’autonomiser ses équipes. On se retrouve donc à systématiquement devoir valider la moindre action, le moindre mail avant envoi. Ce n’est pas viable sur le long terme.
    • La politique du zéro confiance pousse les entreprises à mettre en place des strates pour contrôler les choses, de plus en plus complexes, et de plus en plus absurdes (et bien sûr coûteuses)
    • Enfin, côté collaborateur, quand on sent qu’on ne nous fait pas confiance, on se démotive totalement à la longue. Et puis clairement, si l’on n’a pas confiance en nous et qu’on repasse derrière tout ce qu’on fait, pourquoi est-ce qu’on se décarcasserait après tout ? On est payé pareil à la fin du mois…

    Et pour ceux qui travaillent sur des projets, ou qui souhaitent pousser les méthodes agiles dans leurs équipes ou leur entreprise, la confiance est d’ailleurs un pilier essentiel. J’aurais l’occasion d’en reparler tellement ce sujet est pour moi important.

    D’ailleurs, le manque de confiance que l’on m’accorde est quelque chose qui peut littéralement me faire fuir d’une entreprise 🙂

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