On fait parfois de belles rencontres sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement sur LinkedIn.

(D’où l’importance de ne pas négliger votre networking et votre réseau).

J’ai ainsi eu la chance d’échanger avec Anne-Sophie sur nos parcours respectifs, notre vision du monde du travail ainsi que nos remises en question professionnelles.

Aujourd’hui, je laisse la parole à Anne-Sophie pour qu’elle vous donne sa vision du bien-être et du bonheur au travail.

J'peux pas, j'ai rendez-vous avec moi - Le livre d'Anne-Sophie

Bonjour, Anne-Sophie. Je te laisse te présenter en quelques lignes. Qui es-tu ? Quel est ton parcours ?

Anne-Sophie Vergne

Bonjour Thibault.

Tout d’abord merci de ta curiosité saine, j’aime cette idée de partager nos points de vue, nos convictions, nos aspirations.

J’ai 38 ans, mes parents étaient commerçants alors je suis « génétiquement programmée pour aimer la relation client » ! De mon père, j’ai hérité du goût du challenge et de ma mère le goût des autres ! 

Je suis issue d’une formation dans le tourisme et plus particulièrement le tourisme d’affaires. Après ma licence, mon stage a débouché sur une offre d’emploi et c’est ainsi que durant 4 ans j’ai fait la plus grande école hôtelière, celle du Club Méditerranée : 4 ans, 3 métiers, 40 pays.

Puis j’ai travaillé 8 ans dans une agence événementielle à organiser des séminaires, conventions, voyages incentives, challenges team building en France et dans le monde entier.

Enfin, ces 4 dernières années j’ai travaillé dans l’hôtellerie comme Responsable de l’Expérience Client.

Comment abordes-tu le monde du travail ?

J’ai eu la chance qu’on plante en moi d’excellentes graines en matière de management, aussi je pense que ça m’a bien constitué. J’ai été formée à la cohésion d’équipe, à la performance collective, à la multipotentialité (c’est-à-dire une entreprise qui pense que ses collaborateurs ont de multiples talents et que c’est son travail de développer chacun de leurs talents !)

Aussi, la punchline de ma première entreprise « le bonheur si je veux » est devenue ma philosophie de vie.

J’ai du respect pour un dirigeant et une direction mais j’ai besoin qu’elles soient des personnes de qualité, brillantes.

Le fait d’avoir connu l’excellence en matière de management place la barre haute. Dans le cas contraire, j’opte pour le mode projet, je me passionne donc je m’investis, je suis particulièrement endurante, pas besoin de carotte ou de coup de fouet, mais je ne sais pas renoncer aux valeurs qui sont les miennes.

Aussi lorsque les convictions n’y sont plus ou que le discours diverge trop de mes principes, je préfère voguer vers de nouveaux défis plutôt que de rester sans être engagée.

Bien sûr avant cela, je mène mes combats autant que possible. Je ne baisse pas les bras au premier coup dur, ce serait trop facile.

J’ai toujours aimé être pleinement moi-même, dans mes qualités comme mes défauts, ça donne beaucoup d’intégrité, d’exigence, de franchise et d’enthousiasme aussi.

Pour moi, les choses n’arrivent pas juste par hasard, c’est important de prendre en main son destin, de provoquer les rencontres, créer des opportunités. (le management de la chance dit-on ….)

Penses-tu que le bonheur au travail à sa place dans le monde professionnel ?

Ah le bonheur au travail… On en parle beaucoup. Bien sur que j’y crois !

Je te rappelle que le Club Med est l’entreprise du bonheur.

Des collaborateurs heureux font des clients heureux.

Il y a donc tout intérêt à avoir une entreprise où il fait bon vivre, qui a une belle côte de popularité et crée la fierté d’appartenance au sein de ses équipes.

Après il faut définir la notion de bonheur car c’est très subjectif.

Pour moi le bonheur au travail, ce serait travailler dans un contexte de relations harmonieuses, où on se sent utile, où on reçoit de la reconnaissance, où on a la sensation de se développer et de grandir personnellement tout en étant dans un contexte professionnel.

Quels sont selon toi les points sur lesquels les entreprises devraient travailler pour améliorer le bien-être et l’épanouissement de leurs collaborateurs au quotidien ?

Le bonheur en entreprise ne peut pas reposer sur une seule personne qui va distiller le bonheur.

Faire tomber les cloisons et créer des open spaces, offrir des tagadas, installer un babyfoot ce n’est pas ce qui va changer l’adn d’une entreprise !

Etre enthousiaste, optimiste, souriant, c’est une hygiène de l’esprit !

On entraîne son esprit à des valeurs positives plutôt que toujours incentiver au chiffre, à la performance. C’est ce que j’appelle le management de l’insatisfaction : il n’y a jamais assez de zéro. On sait ce qui ne va pas mais on ne reconnait pas les succès, les talents naturels, comme si c’était normal !

Le bonheur au travail c’est un sujet de fond, un état d’esprit, une manière de manager. Il faut considérer le sujet sans l’associer à un monde de Bisounours.

Une entreprise qui travaille sur le bien-être au travail et l’épanouissement de ses collaborateurs, c’est une entreprise :

  • Qui sait accorder du temps à ses équipes, humainement
  • Où les entretiens semestriels ou annuels existent et ne sont pas menés en 5 minutes, entre 2 coups de vents.
  • Où tes soft skills sont valorisées et pas seulement tes compétences techniques.
  • Où un management fait vivre la culture d’entreprise
  • Qui se préoccupe de l’expérience collaborateur, et pas seulement de l’expérience client
  • Qui considère que ses équipes en internes ne sont ni plus ni moins que des clients
  • Qui réconcilie les exigences de performance et de bien-être des collaborateurs : l’un n’empêche pas l’autre !
  • Qui tient ses promesses et ses engagements
  • Qui apporte des réponses en interne dans des délais raisonnables
  • Qui développe les compétences comportementales
  • Qui mesure le niveau de satisfaction et d’engagement de ses collaborateurs
  • Qui encourage la prise d’initiative et l’authenticité dans les échanges : on se parle vrai, on se dit les choses ! c’est CA-PI-TAL d’après moi

On parle toujours de la réforme de l’école et c’est un gros sujet bien sûr, mais le management est un autre gros sujet.

D’ailleurs, entre la réforme de l’école et le fait de réformer le management il n’y a qu’un pont.

Lorsque j’écoute le plaidoyer des écoles dites alternatives, il suffit de remplacer le mot « élève » par le mot « manager » pour constater que la phrase a toujours autant de sens.

Mais le bien-être au travail, ça fait peur aux entreprises.

  • Qui a envie d’apprendre que sa côte de popularité est mauvaise ?
  • Que les collaborateurs restent par confort et non par conviction ?
  • Qu’ils trouvent le management défaillant ou peu centré sur l’humain?

Penses-tu qu’il est nécessaire de profondément revoir l’organisation des entreprises, le métier et l’approche des managers ? Je pense notamment à de nouvelles approches comme l’entreprise libérée ?

Ce que j’apprécie dans l’approche de l’entreprise libérée c’est le côté collaboratif, la co-construction le fait de mobiliser les idées de tous pour avancer dans la même direction et de diffuser une belle qualité de communication interne.

En revanche, si le style de management change, le management ne doit pas disparaître. On a tous besoin de modèles, de personnes inspirantes pour donner un cap, partager une vision (cf l’impact des leaders dans l’entreprise)

Former les manager à prendre des postures de coach c’est hyper important, tout comme développer leur intelligence émotionnelle. Je m’emballe mais j’ai détesté entendre des « vous êtes trop ceci, pas assez cela, trop émotive, trop dans l’affect’ ».

J’ai un cœur, tout simplement, une bouche pour sourire, des yeux pour m’émouvoir, voilà tout.

Et si la vraie révolution au travail était une révolution humaine ?

Avant de parler d’entreprise libérée, d’agilité et tout ça on ferait bien de parler d’humain, de relations humaines saines.

On voudrait fidéliser les collaborateurs, réduire le turn over. Mais avant de fidéliser, il faut repenser comment on accueille les nouveaux arrivants, comment on dit au revoir (à un futur ex salarié), y compris après seulement quelques mois d’ancienneté. – rappelons-le, le collaborateur a passé 70% de son temps dans son entreprise !

Il mérite de la considération et une attention humaine le jour de son départ !

Le premier jour et le dernier jour dans une boîte sont très révélateurs de l’adn d’une entreprise. Personnellement j’ai vécu le meilleur comme le pire !

Est-ce important selon toi que notre travail soit aligné avec nos valeurs personnelles ? A ce propos, quelles sont tes valeurs ?

Oui c’est très important c’est ce qu’on appelle la congruence : c’est mon mot favori pour cette année 2018 !

La congruence, c’est être alignée entre ce qu’on est, ce qu’on dit, et ce que les autres perçoivent de nous.

Mes valeurs ? être enthousiaste, être sincère, avoir de l’audace, partager, faire plaisir, sourire à la vie !

Que conseillerais-tu aux salariés qui ne sont pas heureux dans leur job, qui vont au travail à reculons ?

Je leur conseillerai de SWITCHER.

C’est peut-être radical mais si on n’est pas aligné avec son entreprise, l’endroit où on passe 70% de son temps, alors on perd son temps !

Un récent sondage dit que 2 personnes sur 3 ont envie de changer de métier

Un autre que 11% seulement des collaborateurs sont engagés soit donc 89% d’indifférents ou activement désengagés !

Un autre sondage dit que 85% des métiers de 2030 n’existent pas encore.

Un des fléaux en entreprise, c’est l’ennui au travail. Ça veut donc dire que le management ne connait pas ses équipes, les talents des uns et des autres et ne cherche pas à développer les compétences comportementales, les compétences naturelles qui seraient un trésor pour l’entreprise.

Quels conseils donnerais-tu aux salariés et managers afin qu’ils aient un bon équilibre vie pro / vie perso ?

Oui c’est un syndrome qui va avec le monde du travail d’aujourd’hui !

Je leur dirai cette phrase de Confucius :

"Faites un métier que vous aimez et nous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie."

- Confucius -

Facile à dire certains diront.

Mais j’ajouterai qu’il faut du courage, de l’audace pour accepter de voir les choses comme elles sont. Si je reste dans ma boite alors je cesse de polluer mon esprit – et mes collègues – de mes pensées négatives.

Sinon je me prends en main et je décide demain de la vie dont je veux (c’est ce qu’on appelle la recherche vocationnelle) en acceptant que peut-être ce sera moins confortable.

Mais quand rien n’est prévu, tout devient possible!

On ne sait jamais de quoi demain sera fait, des nouvelles opportunités qu’on peut occasionner…. Frapper aux portes, aller ouvrir les portes mais aussi savoir les refermer par intégrité.

Citation de Confucius : Celui qui déplace la montagne, c'est celui qui commence à enlever les petites pierres

Tu te décris comme étant une fertilisatrice de bonheur. Qu’est-ce que cela implique ?

Après mon « job out » en décembre dernier (Anne-Sophie a fait le choix de quitter son travail afin de se recentrer et de prendre du temps pour elle), lors de l’actualisation de mon statut LinkedIn, j’ai reçu de nombreux messages en privé , auquel j’ai répondu 1 à 1, me demandant : « késako Fertilisatrice de Bonheur » ?

Ça ne consiste pas à FAIRE quelque chose de précis mais à ETRE moi, c’est ma valeur ajoutée.

Ce qui compte ce n’est pas ce que je sais FAIRE mais la MANIERE dont je le fais.

Aussi je peux gérer des projets événementiels de 10 à 1000 personnes, être responsable de la qualité pour un hôtel, accueillir des voyageurs chez moi, mais je pourrais tout aussi bien être fleuriste, fabriquer des bijoux, avoir un food truck, etc… Je le ferai toujours avec enthousiasme, joie de vivre, plaisir de faire plaisir, de partager, de réunir, de fédérer.

Être Fertilisatrice de Bonheur c’est ce qui me définit dans ma globalité et me singularise par rapport à une autre personne qui aurait les mêmes compétences techniques que moi.

Alors non, je ne porte pas de lunettes roses en permanence sur mon nez, je ne suis pas dans un état de béatitude permanente ! je m’efforce juste à mon niveau de faire des choix qui me rendent heureuse et par le mécanisme des cercles vertueux, en étant bien, j’essaie de phosphorer autour de moi.

L’enchantement client, je l’ai toujours dit à mes équipes, ça commence par soi ! 

Quels sont tes projets pour les prochains mois ?

Terminer la formation que je suis actuellement en ingénierie pédagogique.

Préparer ma certification qui portera d’ailleurs sur le sujet des soft skills pour développer son potentiel, car les formations de demain doivent intégrer cette notion.

Déjeuner, dîner, goûter, apéroter avec mes amis. Profiter de la vie, tout simplement !

Lire le bouquin de la génialissime Marielle Barbe : « Profession Slasheur, cumuler les jobs un métier d’avenir ».

Profession Slasheur - Cumuler les jobs, un métier d'avenir

Thibault Baheux

A propos

Tour à tour manager et chef de projet depuis 2008, j'ai managé des équipes jusqu'à 40 collaborateurs, aussi bien en management hiérarchique direct qu'en transversal.

Manager des personnes, c'est la chose la plus compliquée que j'ai eu à faire dans ma carrière. Mais c'est aussi la plus passionnante !

Je partage avec vous sur ce site mes meilleurs conseils, mes retours d'expérience, ma vision du management d'aujourd'hui et de demain.

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  • Vraiment BRAVO, cette initiative de donner la parole à quelque’un qui pense et qui va dans le même sens que toi. C’est très très intéressant de vous lire

  • Merci Anne-Sophie pour ce discours inspirant et qui finit de me convaincre de me lancer dans ma propre entreprise.
    J’ai appris un nouveau mot « congruence » qui a un sens très fort.
    Je relirais bien cet article dans quelques temps.
    Merci Thibault pour tous ces articles très intéressants.

  • Merci Mélodie pour ton commentaire !
    Je suis ravi de voir que cette interview t’inspire !
    Tu peux nous en dire plus sur ton futur business ?

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